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Sous la menace constante des bombardements russes, un haras situé dans la région de Zaporijjia, dans le sud-est de l'Ukraine, doit se résoudre à transférer des pensionnaires, certains pour la deuxième fois.
Il faut de généreuses offrandes de foin, des claquements de langue rassurants et une poussée ferme des employés pour convaincre un grand bai de grimper dans le van préparé pour le conduire en lieu sûr.
"Nous sommes en train de transférer les chevaux de ce haras vers d'autres haras en Ukraine", explique à l'AFP Vitaliï Brovko, le directeur de l'entreprise "Horse Breeding of Ukraine".
Parmi les 130 pensionnaires que compte le haras, certains sont déjà des réfugiés d'autres zones de Zaporijjia, ou de la région de Dnipropetrovsk (centre-est).
L'invasion russe de l'Ukraine lancée en février 2022, conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, n'épargne personne.
Un cheval de ce haras a déjà été blessé et ses compagnons traumatisés par la frappe d'un missile russe en 2022.
- Fausses couches -
"Ils ne sont pas rentrés dans les écuries pendant deux semaines. Pendant des jours et des jours, ils couraient vers les écuries, faisaient demi-tour et repartaient", se souvient Mykhaïlo Sytch, un directeur de succursale de "Horse Breeding Ukraine".
Les animaux vivent sous un danger permanent, même si les chevaux se sont habitués au bruit des explosions, selon Oleksandre Konyakhin, un employé. "Nous avons des cas de juments qui ont fait des fausses couches à cause du stress", raconte-t-il à l'AFP.
En octobre, une attaque de drones russes a provoqué un incendie et la mort de près de 13.000 cochons dans une ferme ukrainienne dans le nord-est.
En juin, c'est un bélier du zoo d'Odessa qui a été tué dans une frappe.
"Le monde ne peut pas se tenir à l'écart pendant qu'un Etat terroriste vole des vies - humaines ou animales - chaque jour", a condamné le ministère ukrainien des Affaires étrangères en septembre, lorsqu'une attaque russe massive a causé la mort de sept chevaux dans un club équestre près de Kiev.
Dans le haras de la région de Zaporijjia, où les chevaux paissent dans les prés recouverts d'une fine couche de neige, plus d'une dizaine d'opérations d'évacuation ont déjà été organisées.
"Si la situation s'aggrave, nous évacuerons le haras tout entier", dit Vitaliï Brovko.
M.J.Baumann--NZN