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La Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux d'intérêt jeudi, l'inflation restant sous contrôle et l'économie résiliente, tandis que les nouvelles projections économiques nourriront le débat sur sa future trajectoire monétaire.
Le taux de dépôt, référence de l'institut, devrait rester fixé à 2%, comme depuis juillet, prévoient la plupart des observateurs.
Cet immobilisme contraste avec la Banque d'Angleterre, qui a réduit jeudi son taux directeur d'un quart de point de pourcentage, à 3,75%, après l'avoir laissé inchangé lors des deux précédentes réunions.
L'institut a été conforté par une baisse de l'inflation au Royaume-Uni, qui reste élevée, à 3,2%, selon la dernière estimation de novembre.
L'agrégat reste aussi élevé aux États-Unis mais est trop faible en Suisse. La BCE bénéficie quant à elle d'une dynamique des prix plus équilibrée, rendant inutile tout mouvement immédiat sur le loyer de l'argent.
"Il n'y aura pas de grande surprise sous le sapin de Noël", déclare à l'AFP l'économiste Felix Schmidt, chez Berenberg.
Comme elle l'avait indiqué lors de la dernière réunion d'octobre et répété début décembre devant le Parlement européen, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, devrait souligner que la politique monétaire reste "bien positionnée " et que toute décision future sera guidée par les données et chaque réunion en son temps.
- Nouvelles prévisions jusqu'en 2028 -
L'attention se portera sur la publication de nouvelles prévisions macroéconomiques, publiées à 13H15 GMT avec la décision sur les taux et étendues jusqu'en 2028.
Celles-ci devraient être "de nature à justifier un statu quo (sur les taux) prolongé tout au long de 2026", selon Bruno Cavalier, économiste chez Oddo.
Les économistes de Deutsche Bank anticipent "une nette révision à la hausse des perspectives de croissance", actuellement estimées à 1% en 2026 et 1,3% en 2027, en dépendant de l'efficacité du plan de relance budgétaire en Allemagne et des réformes pour relancer les entreprises dans un pays sortant de trois années de marasme.
De plus, les perspectives de paix ou de cessez-le-feu en Ukraine, nées de l'intense ballet diplomatique des dernières semaines pourraient soutenir la confiance si elles se concrétisaient.
En revanche, la hausse des droits de douane américains et de nouvelles baisses de taux attendues de la Réserve fédérale américaine pourraient conduire à "apprécier encore l'euro face au dollar" au détriment des "exportations de la zone euro et de la croissance", note Eric Dor, directeur des études économiques de l'IESEG School of Management.
- Horizon très incertain -
L'inflation devrait rester autour de l'objectif de 2% fixé par la BCE "dans les mois à venir", a estimé Mme Lagarde début décembre, eu égard à la hausse de l'euro, la faiblesse des prix de l'énergie et la modération salariale.
En septembre, la BCE anticipait une inflation retombant à 1,7% en 2026 avant de remonter à 1,9% en 2027.
Dans les nouvelles projections sur les prix, il sera tenu compte du report d'un an, en 2028, de l'entrée en vigueur du mécanisme européen de tarification du carbone (ETS2), retardant ainsi la hausse attendue des prix des carburants et du chauffage.
Au lieu de livrer des indications claires sur l'évolution future des taux, Mme Lagarde devrait une nouvelle fois disserter sur la "balance des risques" tant à la hausse qu'à la baisse sur les prix.
Le côté vers lequel penche la balance aura des implications sur le cap monétaire.
"L'orientation des taux, comme celle de l'inflation, reste donc très incertaine", résume M. Dor.
Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a déclaré à Bloomberg partager l'anticipation des marchés d'une prochaine hausse des taux après le statu quo, sans en préciser la date
Michel Martinez, économiste Europe chez Société Générale, anticipe une première hausse des taux en décembre 2026 puis une autre à ma mi-2027, sur fond d'inflation attendue "significativement au-dessus de 2%" entre 2027 et 2029.
H.Roth--NZN