Zürcher Nachrichten - Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée

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Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée
Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée / Photo: Lillian SUWANRUMPHA - AFP

Dans les cendres et les larmes, l'étrange mission de préservation d'une forêt thaïlandaise brûlée

La généticienne Inna Birchenko pleure, au milieu de la réserve naturelle thaïlandaise d'Umphang. Il n'était pas prévu que cette forêt, où elle est venue collecter des spécimens d'arbres, brûle. La fumée flotte encore dans l'air.

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"Cette belle communauté diverse d'arbres et d'animaux est en train d'être détruite sous nos yeux", se lamente-t-elle, choquée de découvrir les ravages du feu.

Inna Birchenko est chercheuse aux célèbres Jardins botaniques royaux de Kew, un organisme public britannique qui gère le projet titanesque de la "Banque de semences du millénaire": près de 2,5 millions de graines de plus de 40.000 espèces de plantes sauvages méticuleusement échantillonnées dans le monde, et conservées pour la postérité.

Avec des scientifiques du Royaume-Uni et de Thaïlande, elle est cette fois venue ici pour collecter des graines et des feuilles d'arbres de cette réserve naturelle, censée être un joyau de préservation. Avec l'objectif d'étudier l'impact de la température et de l'humidité sur la germination des arbres.

Ces connaissances pourraient un jour aider à reboiser avec des arbres plus résistants à l'élévation des températures et aux climats plus secs.

Mais à Umphang, dans cette zone isolée du nord-ouest thaïlandais, les chercheurs sont atterrés de constater les répercussions des activités humaines sur des forêts pourtant théoriquement protégées.

La randonnée sauvage d'Inna Birchenko et de ses collègues s'est transformée en sinistre marche de plusieurs kilomètres sur un sol couvert de cendre noire et grisâtre, à travers des bois parfois encore fumants. Ils ont aussi découvert, sur des parcelles visiblement défrichées, des étendues de champs de maïs.

Aucune trace de la faune sauvage: Inna ne verra pas les calaos (des oiseaux), éléphants, cerfs et tigres qui font la réputation du site.

A la place, l'équipe ramasse une cigale jaune à moitié carbonisée et découvre cinq oeufs aux coquilles roussies par les flammes dans un nid de poule sauvage.

"Cela me fend le coeur", lâche Nattanit Yiamthaisong, doctorante de l'unité de recherche sur la restauration des forêts (Forru) à l'université de Chiang Mai, qui travaille avec Mme Birchenko et son collègue de Kew, Jan Sala.

"Je croyais qu'une réserve ou un parc naturel étaient des zones protégées. Je ne m'attendais pas à voir autant de champs, ni autant de feux".

- Incendies récurrents -

Les feux de forêt sont courants en Thaïlande au printemps, quand les agriculteurs embrasent les restes de la récolte précédente pour faire place nette à de nouveaux semis.

Certaines communautés, qui peuplent les zones protégées de longue date, ont des autorisations spéciales pour y cultiver des parcelles.

Les brûlis agricoles peuvent aider à enrichir le sol. Le feu fait aussi partie intégrante d'écosystèmes forestiers, certaines graines en ayant par exemple besoin pour germer.

Mais, parfois, les feux de champs atteignent les forêts adjacentes, accidentellement ou non. Le risque est accru par le climat plus sec lié au changement climatique et par la pression économique sur les agriculteurs, qui les pousse à semer plus fréquemment et sur de plus grands espaces.

Or des forêts soumises à des incendies récurrents et extrêmes pourraient ne jamais s'en remettre, avertissent des experts.

Vue de satellites de la Nasa, la multiplication des incendies est frappante depuis plusieurs semaines dans de nombreuses zones de Thaïlande pourtant officiellement protégées.

Dans la région touristique de Chiang Mai, les pompiers interviennent et envoient des hélicoptères qui larguent de l'eau sur les forêts en flammes, au prix de milliers de dollars par mission.

Mais la réserve d'Umphang, elle, est loin des regards et délaissée. Des gardes forestiers protègent certes le secteur, mais ils sont mal payés et surmenés, et manquent de moyens, selon des défenseurs de l'environnement.

Le ministère thaïlandais des Parcs nationaux n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

- Déforestation rapide -

"La forêt tropicale immaculée que nous nous attendions à voir a disparu", déplore Jan Sala, expert en germination. "Cela montre vraiment l'importance de la préservation de la biodiversité car tout est en train d'être déboisé très, très rapidement".

Le projet de Jan Sala et Inna Birchenko vise à cartographier la structure et la diversité génétiques de trois espèces d'arbres, à prédire leur résistance au changement climatique et, au bout du compte, à délimiter en Thaïlande des zones de plantation selon l'adaptabilité des espèces.

"Nous espérons que certains (arbres) seront plus résistants au changement climatique. Et ensuite (...) nous pourrons mieux faire usage" de tel ou tel type d'arbre pour reboiser, explique M. Sala.

De retour au Royaume-Uni, les chercheurs feront germer les graines collectées, à des températures et des niveaux d'humidité différents afin de connaître leurs limites.

Des analyses génétiques permettront d'identifier les mutations qui rendent les arbres plus résistants au réchauffement.

D'où la mission de collecte de spécimens en Thaïlande, concentrée sur trois espèces d'arbres non menacées: l'albizia odoratissima, le phyllanthus emblica (une sorte de groseiller) et le sapindus rarak. Toutes se développent dans des climats différents et les habitants de la zone savent les repérer.

Malgré leur aide, la tâche s'avère parfois complexe pour l'équipe scientifique, qui scrute la forêt pour repérer les formes de feuilles des arbres en question.

- Capsule "pour l'avenir" -

"Ma Sak?", crie Jan Sala, en prononçant le nom local du sapindus rarak, dont les fruits étaient autrefois utilisés comme détergent naturel.

La confirmation revient au technicien du Forru, Thongyod Chiangkanta, un ancien garde forestier et expert en identification des plantes.

Idéalement, les graines sont prélevées dans les fruits encore attachés à l'arbre. Quand les branches sont trop hautes, l'équipe lance une corde rouge lestée vers les branches pour les secouer et faire pleuvoir les fruits, mais aussi des feuilles qu'analysera Inna Birchenko.

Ces échantillons de branches et de feuilles sont soigneusement pressés comme dans un herbier, et rejoindront plus de sept millions d'autres spécimens en Angleterre, dans l'herbarium de Kew.

Quant aux graines, les chercheurs prévoient d'en collecter des milliers durant l'expédition, en s'assurant au préalable qu'elles ne sont ni gâtées ni infestées.

La mission n'est pas infructueuse. "C'est génial de trouver les arbres, mais en même temps vraiment triste, parce qu'à cinq mètres de l'arbre, il y a un feu de forêt, l'espace est dégradé, et j'imagine que ces arbres ne seront plus là dans quelques années", dit Jan Sala.

Les prélèvements de l'équipe ont lieu dans sept zones de Thaïlande, qui heureusement n'ont pas toutes brûlé.

C'est "une capsule de la diversité génétique que nous préservons pour l'avenir", résume Inna Birchenko, qui n'en reste pas moins anxieuse de l'avenir: "Nous faisons quelque chose, mais nous faisons trop peu et peut-être trop tard."

L.Muratori--NZN