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En Indonésie, les survivants tentent de reconstruire leur vie après les inondations qui ont fait près de 1.600 morts dans quatre pays d'Asie du Sud et du Sud-Est, mais l'incertitude demeure face à la lenteur de l'aide et l'annonce de nouvelles pluies.
Alors que le bilan pour l'Indonésie s'établit à 837 morts et 545 disparus, concentrés sur l'île de Sumatra, l'agence météorologique du pays a prévu vendredi de nouvelles pluies dans la région, essentiellement sur Aceh, à l'extrémité occidentale, zone la plus touchée par les destructions.
"Aceh pourrait connaître des pluies fortes à très fortes aujourd'hui (vendredi) et demain (samedi), tandis que le nord et l'ouest de Sumatra pourraient connaître des pluies modérées à fortes aujourd'hui et demain", a prévenu l'agence.
Les inondations, provoquées par deux systèmes météorologiques distincts, ont également fait au moins 479 morts au Sri Lanka, 276 en Thaïlande et deux en Malaisie.
A Sumatra, près de 500.000 habitants occupent encore des abris temporaires, alors que maisons, routes et canalisations ont été fortement endommagées.
"L'état de notre maison était inimaginable (...) Elle était recouverte de terre jusqu'au plafond. Tout autour, des monceaux de bois", a témoigné Rumita Laurasibuea.
Pour ce fonctionnaire de 42 ans, qui a trouvé refuge dans un lycée, se relever des conséquences des inondations "pourrait prendre plus d'un an".
Pour les habitants encore traumatisés, de nouvelles pluies risquent d'être synomymes de nouvelles souffrances.
"Nous sommes toujours inquiets... Si la pluie revient, où irons-nous ? Où pourrons-nous évacuer ? Si l'école rouvre, où pourrons-nous loger?", s'interroge Rumita.
"C'est une calamité à laquelle nous devons faire face", constate Hendra Vramenia, 37 ans, qui a fui son village de Kampung Dalam dans le sud-est d'Aceh et se dit inquiet car nombreux sont ceux qui, dans les zones non encore atteintes par l'aide humanitaire, sont menacés de famine.
Dans la ville de Gampola, au centre du pays, les habitants s'activaient vendredi pour déblayer la boue et les nombreux débris charriés par les flots.
"Nous recevons l'aide de volontaires d'autres régions pour ce nettoyage", a déclaré à l'AFP le religieux musulman Faleeldeen Qadiri à la mosquée Gate Jumma.
"Nous avons calculé qu'il faut dix hommes et une journée entière pour nettoyer une seule maison", a ajouté un bénévole qui s'est présenté sous le nom de Rinas. Personne ne peut y arriver seul".
- "Poursuites pénales" -
Une grande partie de l'Asie connaît actuellement la pleine saison de la mousson, souvent à l'origine d'inondations.
Mais deux systèmes météorologiques distincts ont déversé des pluies diluviennes sur l'ensemble du Sri Lanka, sur Sumatra, le nord de la Malaisie voisine et le sud de la Thaïlande la semaine dernière.
Selon les experts, le changement climatique engendre des épisodes de pluie plus intenses car une atmosphère plus chaude contient davantage d'humidité, et des températures plus élevées dans les océans peuvent amplifier les tempêtes.
Mais écologistes et experts et même le gouvernement indonésien ont souligné la responsabilité de la déforestation dans les crues soudaines et les glissements de terrain.
L'Indonésie figure parmi les pays qui enregistrent les plus fortes pertes forestières annuelles. En 2024, plus de 240.000 hectares de forêt primaire ont ainsi disparu.
Jakarta a annoncé mercredi la révocation de permis de huit entreprises soupçonnées d'avoir aggravé les effets de la catastrophe.
Si leur implication dans l'exploitation forestière illégale ou le défrichement de terres est démontrée, "les enquêtes pourraient donner lieu à des poursuites pénales", a déclaré le ministre de l'Environnement Hanif Faisol Nurofiq.
L'ampleur de la catastrophe à Sumatra rend les opérations de secours difficiles.
Interrogé sur la possibilité de sollicter l'aide internationale, comme l'a fait le Sri Lanka, l'Indonésie a assuré cette semaine pouvoir faire face seule, malgré les appels d'ONG et de responsables politiques et les témoignages de sinistrés dénonçant l'insuffisance des mesures prises.
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L.Muratori--NZN