Zürcher Nachrichten - Cachemire indien: trous de mémoire dans les archives en ligne des médias locaux

EUR -
AED 4.325935
AFN 82.295246
ALL 97.926243
AMD 452.928874
ANG 2.108041
AOA 1080.157743
ARS 1459.669854
AUD 1.798908
AWG 2.12321
AZN 2.007149
BAM 1.955925
BBD 2.378252
BDT 144.489211
BGN 1.956381
BHD 0.443228
BIF 3509.023701
BMD 1.177925
BND 1.500096
BOB 8.139519
BRL 6.38271
BSD 1.177875
BTN 100.523408
BWP 15.600995
BYN 3.854646
BYR 23087.331819
BZD 2.365951
CAD 1.603098
CDF 3398.314319
CHF 0.935664
CLF 0.028547
CLP 1095.129815
CNY 8.440309
CNH 8.439249
COP 4689.39895
CRC 594.837921
CUC 1.177925
CUP 31.215015
CVE 110.27203
CZK 24.646321
DJF 209.743371
DKK 7.461454
DOP 70.494494
DZD 152.109697
EGP 58.022699
ERN 17.668876
ETB 163.469121
FJD 2.637615
FKP 0.863276
GBP 0.862601
GEL 3.204416
GGP 0.863276
GHS 12.190777
GIP 0.863276
GMD 84.22618
GNF 10215.651249
GTQ 9.056577
GYD 246.42571
HKD 9.2463
HNL 30.773962
HRK 7.536412
HTG 154.649859
HUF 399.203326
IDR 19062.0084
ILS 3.939983
IMP 0.863276
INR 101.068035
IQD 1542.998366
IRR 49620.09495
ISK 142.446936
JEP 0.863276
JMD 188.001985
JOD 0.835195
JPY 170.275556
KES 152.179701
KGS 103.010002
KHR 4732.301685
KMF 492.373101
KPW 1060.088497
KRW 1605.924627
KWD 0.359609
KYD 0.981663
KZT 611.718997
LAK 25381.61808
LBP 105536.527962
LKR 353.392529
LRD 236.165056
LSL 20.719221
LTL 3.478107
LVL 0.712516
LYD 6.344404
MAD 10.572174
MDL 19.841265
MGA 5300.337897
MKD 61.533923
MMK 2472.967489
MNT 4223.442545
MOP 9.523607
MRU 46.74898
MUR 52.948179
MVR 18.14445
MWK 2042.530211
MXN 21.952406
MYR 4.972067
MZN 75.340533
NAD 20.719221
NGN 1802.15516
NIO 43.342763
NOK 11.864468
NPR 160.837253
NZD 1.944493
OMR 0.452069
PAB 1.177875
PEN 4.176666
PGK 4.86531
PHP 66.570482
PKR 334.365716
PLN 4.243888
PYG 9386.598396
QAR 4.304974
RON 5.059075
RSD 117.187471
RUB 92.591703
RWF 1693.207942
SAR 4.416905
SBD 9.820272
SCR 16.592058
SDG 707.348348
SEK 11.256846
SGD 1.500092
SHP 0.925664
SLE 26.444855
SLL 24700.50455
SOS 673.142913
SRD 44.036774
STD 24380.6712
SVC 10.306657
SYP 15315.211479
SZL 20.70332
THB 38.118091
TJS 11.45473
TMT 4.134517
TND 3.431819
TOP 2.758823
TRY 46.955033
TTD 7.988509
TWD 34.086841
TZS 3109.79825
UAH 49.123132
UGX 4225.269361
USD 1.177925
UYU 47.273014
UZS 14790.942924
VES 128.951587
VND 30838.07893
VUV 140.323223
WST 3.056689
XAF 655.99882
XAG 0.031783
XAU 0.000353
XCD 3.183402
XDR 0.815852
XOF 655.99882
XPF 119.331742
YER 285.234989
ZAR 20.722353
ZMK 10602.74357
ZMW 28.533819
ZWL 379.291399
  • AEX

    -6.8600

    908.44

    -0.75%

  • BEL20

    -0.9000

    4485.04

    -0.02%

  • PX1

    -58.1600

    7696.27

    -0.75%

  • ISEQ

    -37.4800

    11320.53

    -0.33%

  • OSEBX

    2.6100

    1631.88

    +0.16%

  • PSI20

    23.2600

    7777.66

    +0.3%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    32.1600

    2449.96

    +1.33%

  • N150

    -20.7100

    3613.23

    -0.57%

Cachemire indien: trous de mémoire dans les archives en ligne des médias locaux
Cachemire indien: trous de mémoire dans les archives en ligne des médias locaux

Cachemire indien: trous de mémoire dans les archives en ligne des médias locaux

"Erreur 404 ... Fichier non trouvé". Des centaines d'archives en ligne des médias locaux se sont mystérieusement volatilisées ces derniers mois au Cachemire sous contrôle indien et avec elles la mémoire de décennies de violences.

Taille du texte:

Un clic sur le lien d'un article du quotidien de langue anglaise Greater Kashmir sur le meurtre en 2010 d'Ishtiyaq Ahmad Khanday, 16 ans, renvoie désormais sur une page "Erreur 404 ...."

Pareil pour celui du Kashmir Reader, autre quotidien en langue anglaise évoquant Sajad Ahmad Dar, décédé à l'hôpital après une garde à vue en 2012 : "Désolé, la page que vous cherchez n'est pas ici."

Idem pour le portail d'information MyKashmir.in relatant le cas de Ghulam Mohi-ud-Din Malik, charpentier de 38 ans, abattu de 19 balles lors de la fouille de son domicile en 2009 par des paramilitaires : "Interdit. Vous n'avez pas la permission d'accéder à cette ressource."

"Comment et pour quelles raisons les archives ont disparu demeure très mystérieux", déclare à l'AFP Anuradha Bhasin, rédactrice en chef de l'influent quotidien Kashmir Times dont les "soupçons" se portent vers l'Etat indien.

Le Cachemire est divisé entre l'Inde et le Pakistan qui revendiquent ce territoire himalayen à majorité musulmane depuis leur indépendance en 1947.

La partie administrée par l'Inde a connu des décennies de troubles qui ont fait des dizaines de milliers de morts depuis le lancement d'une insurrection en 1989. Delhi accuse le Pakistan de soutenir les séparatistes, ce qu'Islamabad réfute.

Les tensions se sont intensifiées à la révocation en août 2019 de l'autonomie partielle du Cachemire indien pour le placer sous le contrôle direct du gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi.

Des milliers de personnes, dont des dirigeants politiques et des militants, ont été arrêtées, les communications téléphoniques et internet coupées, isolant le territoire pendant près de six mois.

Une fois les communications rétablies, des journalistes ont constaté que de nombreux reportages avaient disparu des sites de leurs journaux.

Le rédacteur en chef d'une publication de Srinagar, principale ville du Cachemire indien, dit à l'AFP avoir d'abord cru à un problème technique.

- Suppression des métadonnées -

"Mais après avoir examiné de plus près nos archives en ligne, nous avons réalisé que ce qui manquait couvrait surtout les années d'insurrection et les meurtres" au point d'avoir l'impression "que rien ne s'était passé au Cachemire avant 2019", explique-t-il.

Le porte-parole du gouvernement indien à Srinagar n'a pas répondu aux requêtes de l'AFP sollicitant ses commentaires sur le sujet.

L'essentiel des informations disparues concerne les grandes manifestations organisées contre l'autorité indienne en 2008, 2010 et 2016, au cours desquelles au total près de 300 manifestants ont été tués par les forces gouvernementales et des milliers blessés, dont des femmes et des enfants.

L'historien Siddiq Wahid, vice-chancelier et fondateur de l'Université islamique des sciences et technologies de Pulwama, y voit la tentative "diabolique" de donner à lire "une seule interprétation" des événements.

"C'est un effort extraordinaire pour se saisir du récit" et ne laisser place qu'à "l'histoire officielle, dit-il à l'AFP, "la surveillance décrite par (George) Orwell dans (son roman) +1984+ semble grossière et rustique par rapport à ce qui se passe aujourd'hui."

Plusieurs professionnels des médias, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, ont affirmé que les autorités avaient fait pression sur leurs publications pour qu'elles masquent, parmi leurs archives, les articles relatifs aux meurtres, viols, tortures entre autres abus imputés aux forces de sécurité indiennes par les organisations de défense des droits de l'homme et rejetés par New Delhi.

Un gestionnaire de sites internet travaillant pour plusieurs journaux dit avoir été approché par la police anti-insurrectionnelle à plusieurs reprises afin qu'il lui fournisse des renseignements techniques.

Le rédacteur en chef d'un autre journal de Srinagar raconte que les éditeurs de presse avaient été contraints par les autorités de supprimer les métadonnées de certains articles sensibles parus en ligne pour empêcher au public d'y accéder.

Les métadonnées servent à classer les contenus numériques afin que les moteurs de recherche proposent des résultats pertinents.

La suppression des métadonnées de contenus archivés rend presque impossible l'accès à des événements spécifiques, déclare à l'AFP le gestionnaire de sites.

"Même si toutes les archives demeurent là, il est désormais impossible de les retrouver à l'aide de mots-clés, à moins de se souvenir de l'enchaînement des mots exacts d'un long paragraphe", explique-t-il.

- Cyber-attaques -

Le travail des chercheurs, des journalistes, des historiens, des organisations de défense des droits s'en trouve entravé et le public privé de ses seules sources d'information.

La Jammu Kashmir Coalition of Civil Society, organisation de défense des droits qui a publié en 2012 le rapport "Alleged Perpetrators", a refusé les sollicitations de l'AFP pour évoquer ce sujet.

Ses activités sont quasi au point mort depuis que son coordinateur des programmes a été arrêté en novembre et que ses archives électroniques, entre autres données, ont été saisies par l'agence nationale du renseignement indien (National Intelligence Agency).

Selon les journalistes locaux, ce n'est pas la première fois que la presse indépendante est victime de sabotage.

Le site internet du Kashmir Times a été piraté à plusieurs reprises et a perdu des centaines de reportages critiques des actions des forces de sécurité, raconte sa rédactrice en chef.

Celui du quotidien Kashmir Observer a été victime de cyber-attaques pendant les périodes de grandes manifestations scrutées par l'opinion internationale, se souvient Sajjad Hyder, le rédacteur en chef.

En 2018, après avoir perdu de trois à quatre ans de données, le journal a opté pour un serveur plus sécurisé et des pare-feux. Il tente de combler les trous de ses archives en reproduisant les articles imprimés. Mais son site fait l'objet de restrictions inexpliquées sur les réseaux sociaux. Son accessibilité est aléatoire.

"Des tentatives sont faites pour minimiser notre portée et restreindre notre lectorat", estime M. Hyder, "c'est un important défi".

Le Cachemire sous administration indienne avait autrefois une presse dynamique, avec plus de 250 journaux, confrontée toutefois à des décennies de pressions des séparatistes et des agences gouvernementales.

Depuis la révocation de son autonomie partielle, les rédacteurs en chef affirment subir des pressions systématiques pour atténuer les critiques des autorités indiennes.

Des journalistes ont été arrêtés en vertu des lois antiterroristes ou convoqués à plusieurs reprises par la police, interrogés sur leurs reportages.

En décembre, les autorités ont fermé le club de la presse indépendant du Cachemire, qui avait critiqué le harcèlement policier.

La disparition des archives semble "participer d'un effort constant de New Delhi pour contrôler le récit sur le Cachemire", déclare à l'AFP Michael Kugelman, expert de la région au sein du think tank américain Wilson Center, à Washington.

A.Ferraro--NZN