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Des dizaines d'agriculteurs ont bloqué lundi les deux aéroports internationaux de l'île de Crète, où la colère monte contre les retards dans le versement des subventions de l'Union européenne après une vaste fraude qui éclabousse la Grèce.
Aucun vol ne pouvait être assuré lundi après-midi en provenance ou à destination de l'aéroport d'Héraklion qui accueille l'été de nombreux touristes, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire civile.
Agriculteurs et éleveurs "sont entrés sur le tarmac en franchissant la clôture. Depuis 14H00 (12H00 GMT, ndlr), aucun vol n’arrive ni ne décolle", selon cette source.
A l'aéroport de La Canée, dans l'ouest de l'île, les agriculteurs ont bloqué l’accès au bâtiment de l’aéroport.
"Jusqu'à 07H00 (05H00 GMT, ndlr) demain, personne n’entre, ni ne sort", a martelé le président des éleveurs de la région de La Canée, Yiannis Verykakis.
La société allemande gestionnaire de l'aéroport Fraport a quant à elle prévenu que "l'accès pourrait connaître quelques retards ou perturbations temporaires".
- Pierres et bâtons -
Avant d'occuper l'aéroport de La Canée, des dizaines d'agriculteurs et d'éleveurs se sont heurtés aux forces antiémeutes.
Armés de pierres et de bâtons, ils ont saccagé des véhicules de police positionnés pour tenter d'empêcher les manifestants d'atteindre l'aéroport, selon des images diffusées par la télévision publique ERT.
Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants, selon la ERT, avant de battre en retraite, permettant aux agriculteurs de renverser un véhicule de police.
Dans toute la Grèce, agriculteurs et éleveurs protestent contre les retards dans le versement d'aides au secteur, en lien avec une vaste fraude aux subventions européennes qui éclabousse tout particulièrement la plus grande île de Grèce.
Le mouvement de protestation a également entraîné des blocages intermittents de reoutes et d'autoroutes en Grèce continentale depuis la fin novembre.
Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a assuré que le gouvernement était ouvert au dialogue avec les représentants des agriculteurs, tout en les mettant en garde contre des protestations "aveugles".
"Parfois les mobilisations les plus extrêmes peuvent retourner de larges catégories de la société contre les agriculteurs, même si ces derniers peuvent avoir des revendications légitimes", a également jugé le Premier ministre, originaire de Crète.
- Tracteurs -
Depuis la semaine dernière, des milliers d'agriculteurs bloquent avec leurs tracteurs des routes, principalement dans le centre et le nord du pays, pour réclamer le versement de subventions de l'UE.
Les éleveurs exigent également des compensations à la suite de l'abattage de plus de 400.000 moutons et chèvres pour empêcher la propagation d'une épidémie de variole ovine.
Le scandale de détournements des aides agricoles européennes frappe la Grèce depuis le printemps et n'a cessé de prendre de l'ampleur à la faveur des révélations dans les médias notamment.
Selon les autorités grecques, ce sont plus de 30 millions d'euros de subventions de la PAC (Politique agricole commune de l'UE) qui auraient été détournés par des personnes réclamant une aide pour des terres qu'elles ne possédaient pas ou exagérant la taille de leurs troupeaux.
En octobre, au moins 37 personnes avaient été arrêtées pour leur lien présumé avec cette vaste fraude.
Treize personnes au total, dont le chef présumé d'un réseau de détournement de subventions agricoles européennes, ont été ensuite placées en détention provisoire.
Le scandale a conduit le Premier ministre à annoncer la dissolution de l'organisme grec chargé du contrôle et de paiement des aides de l'UE aux agriculteurs (OPEKEPE) qui devrait être achevée à la mi-2026.
Il a aussi poussé à la démission d'un ministre de l'Agriculture du gouvernement conservateur.
Kyriakos Mitsotakis avait assuré vouloir tout mettre en œuvre "quel qu'en soit le coût politique", pour faire la lumière sur cette affaire embarrassante pour son camp au pouvoir depuis 2019.
Durant des années, des millions d'euros de fonds européens destinés à soutenir les agriculteurs ont été détournés via l'OPEKEPE.
Lors d'une visite à Athènes, la procureure en chef du Parquet européen, Laura Kövesi, s'était engagée "à nettoyer les écuries d'Augias" et avait dénoncé "la corruption, le népotisme et le clientélisme" qui a régné au sein de l'OPEKEPE.
O.Hofer--NZN