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Hong Kong a commencé à voter dimanche pour élire ses nouveaux législateurs conformément aux règles imposées par Pékin depuis 2021, les efforts du gouvernement pour encourager la participation ayant été éclipsés par l'incendie le plus meurtrier qu'ait connu la ville depuis des décennies.
Les citoyens de l'ancienne colonie britannique rétrocédée en 1997, aujourd'hui territoire à statut spécial de la Chine et place financière, sont appelés aux urnes depuis 07H30 (samedi 23H30 GMT) pour élire 90 députés du Conseil législatif de Hong Kong, dont seulement 20 sièges sont pourvus au suffrage direct.
A la mi-journée, le taux de participation s'élevait à 10,33%, contre 9,35% à la même heure lors des dernières élections il y a quatre ans.
"Votre vote est un vote qui fait avancer les réformes et protège les personnes touchées par la catastrophe", a déclaré le chef de l'exécutif local, John Lee, devant la presse après avoir voté, exhortant la population à l'imiter.
La campagne électorale a été brutalement interrompue par l'incendie qui a ravagé des tours d'habitation de Wang Fuk Court, dans le nord de Hong Kong le 26 novembre, faisant au moins 159 morts.
"Les responsables doivent être tenus pour responsables", a déclaré à l'AFP Mme Poon, dont le logement a été dévasté par les flammes, devant le bureau de vote le plus proche des bâtiments calcinés.
Elle souhaite une "enquête approfondie" et suggère que la prochaine législature "devrait surveiller le gouvernement".
Jacky Lam, un enseignant de 56 ans qui vivait dans ce quartier endeuillé de Tai Po, estime que la priorité absolue du gouvernement devait être de trouver des solutions de relogement adéquates, et que les législateurs "devraient rencontrer régulièrement les habitants pour recueillir leur opinions".
Le gouvernement présentera un projet de loi lors de la première séance du nouveau Conseil législatif afin d'aborder les mesures d'aide et de reconstruction, a fait valoir John Lee.
Il avait déjà annoncé la création d'une "commission indépendante" présidée par un juge, chargée d'enquêter sur l'incendie qui a ravagé sept tours en rénovation.
- Sédition -
Mercredi soir, la police avait arrêté 15 personnes de différentes entreprises de construction, soupçonnées d'homicide involontaire.
La police aurait également arrêté, selon des médias locaux, au moins trois personnes pour sédition à la suite de l'incendie, dont Miles Kwan, un étudiant de 24 ans qui distribuait des tracts réclamant des comptes au gouvernement. Ce dernier a été vu ensuite sortir libre d'un poste de police.
L'agence de sécurité nationale chinoise à Hong Kong (OSNS) a convoqué samedi des représentants des médias internationaux, dont l'AFP, pour une mise au point, les accusant d'avoir diffusé de fausses informations dans leurs reportages sur la couverture de l'incendie.
"Le Bureau ne tolérera aucune action des éléments anti-Chine et fauteurs de troubles à Hong Kong", pouvait-on également dans la déclaration en ligne de l'OSNS.
Avant 2021, des élections législatives à Hong Kong avaient été marquées par de violents affrontements entre les camps pro-Pékin et pro-démocratie, ces derniers remportant souvent environ 60% des suffrages.
Mais en 2020, Pékin avait imposé une loi de sécurité nationale draconienne, étouffant notamment la dissidence, après que la ville eut été secouée en 2019 par des manifestations d'ampleur pour la démocratie, avec parfois de la violence.
- "Patriotes" -
En 2021, Pékin a réformé le système électoral de Hong Kong afin de garantir que seuls les "patriotes" puissent occuper des fonctions publiques, et a considérablement réduit le nombre de sièges élus au suffrage direct.
Certains députés pro-démocratie ont été emprisonnés, d'autres ont démissionné ou fui Hong Kong.
Le premier scrutin de 2021 selon les nouvelles règles avait enregistré un taux de participation historiquement bas de 30%.
Dimanche, les autorités ont élargi la plage horaire d'ouverture des bureaux de vote de 07H30 à 23H30 et les trains circuleront plus tard dans la cité, qui se partage entre des îles et une partie continentale.
Le territoire est recouvert depuis des semaines d'affiches de campagne. Certaines entreprises ont promis d'accorder une demi-journée de congé à leurs employés s'ils se rendent aux urnes.
Ce scrutin se déroulera à nouveau sans les deux principaux partis pro-démocratie: le Parti civique, dissous en 2023, et le Parti démocrate, en déclin.
Environ un tiers des députés sortants ne briguent pas de nouveau mandat.
Parmi les nouveaux venus, la championne olympique d'escrime Vivian Kong, candidate dans la circonscription dédiée au tourisme - où le vainqueur est désigné par les représentants du secteur et non par le suffrage universel.
burs
H.Roth--NZN